" L’armée avalait les personnalités alors que la société les faisait ressortir ". Le soldat balafré Jakob Ackermann, acteur aux ordres et témoin impassible de l’histoire, un de ces premiers soldats allemands arrivés en Namibie, malgré sa lucidité, se laisse broyer par l’emballement de cette machine puissante vouée à l’extermination qui va décimer 80 % de ces dexu peuples rendus à l’esclavage dans les camps de concentration avant que ne s’ouvre l’ère nazie.
En parallèle, un jeune métis, de père allemand, de mère namibienne, s’interroge sur ses origines, sur ce passé auquel il appartient et qui ressurgit des oubliettes avec les timides cérémonies de commémoration du massacre des Héréros et des Namas.
Le talent de Niels Labuzan est de faire prendre conscience de ce pan oublié de l’histoire avec des personnages auxquels le lecteur s’attache, en cherchant, avec eux, à comprendre comment peut-on en arriver à ces extrêmes. Leur densité, et le rythme cadencé entre l’époque contemporaine à Okahandja où se déroulent les cérémonies de commémoration et l’époque de la colonisation allemande donne envie d’aller jusqu’au bout du récit, malgré le poids des horreurs décrites.